Le triangle de la confiance : assertivité, confiance et estime de soi

On doit le triangle de la confiance au Docteur Frédéric Fanget, psychiatre, psychothérapeute et expert en Thérapie Cognitivo-Comportemental (TCC). Plus récemment, Johann Ach et Arnd Pollmann théorisent la « Condition Triple S » (de l’anglais Self-confidence, Self-assertiveness et Self-esteem) de l’autonomie. Tout ou partie de ces composantes peuvent être touchés en cas de mal-être et sont intimement liés les unes aux autres. Voyons ce sur quoi elles portent et comment la psychothérapie peut aider à retravailler un lien sincère et bienveillant avec soi-même.

L’assertivité ou l’affirmation de soi – « j’ai peur de ce qu’il/elle va penser » « il/elle a raison »

L’assertivité, encore appelée l’affirmation de soi, est liée à vos compétences relationnelles et sociales et à la valeur que vous leur accordez. Ces compétences s’expriment toujours dans la relation à l’autre et dans la posture que vous adoptez dans l’interaction à l’autre. En cas de difficulté d’affirmation de soi, les pensées qui y sont associées portent sur la place du regard de l’autre et la manière dont vous vous positionnez par rapport à l’autre. Les ressentis sont désagréables, vous poussent à réagir voire à vous censurer. Vous pouvez ressentir de l’appréhension voire de l’angoisse à l’idée de vous mettre en lien avec l’autre ou de vous montrer à l’autre (partager son opinion, prendre la parole en public, défendre vos droits) ou encore une peur à l’idée d’être en désaccord et usez de stratégies d’évitement du conflit parfois par peur d’être agressif.ve et de blesser l’autre ou par peur que l’autre vous apprécie moins. Il arrive également que vous éclatiez complètement au point de ne plus savoir comment communiquer sans tomber dans l’agressivité. Les causes d’un manque d’affirmation de soi peuvent se trouver dans toutes les formes de relations qui ont pu être vécues comme difficiles voire traumatisantes qu’elles soient familiales, amoureuses, amicales, professionnelles ou autre.

Les pensées qui reviennent en boucle portent sur la perception que vous avez de vous dans un contexte de relation où vous vous censurez soit dans une valence agressive (telle l’image d’un hérisson) « ouhla il ne sait pas à qui il parle lui, je vais lui montrer ! » ou « quand on me fait une critique, il faut être prêt à m’entendre répondre ! » soit dans une valence passive (telle l’image d’un paillasson) « c’est important de toujours faire passer les besoins des autres ou de s’occuper des autres avant de prendre soin de moi » ou « j’ai peur de le blesser, mieux vaut ne rien dire ». Elles peuvent répondre également à un manque de confiance en soi « j’ai peur de ce qu’il va penser de mon discours, ça m’angoisse » et/ou d’estime de soi « qui suis-je pour oser lui dire ce que je pense ?! ».

Comment développer son assertivité ? Identifier les situations récurrentes qui vous font vous censurer ou réagir au quart de tour permettra d’identifier les raisonnements qui vous poussent à agir de manière émotionnelle et de mettre en avant les conséquences engendrées à long terme. Dans un second temps, nous pourrons travailler sur le lien de ces pensées et émotions par rapport à la réponse à vos besoins et ceux de l’autre afin d’agir avec davantage d’équilibre en travaillant votre proximité relationnelle. Enfin, nous pourrons entraîner vos styles de communication non-violente, travailler sur une posture qui vous ressemble et ancrer une flexibilité relationnelle pour une meilleure co-existence.

La confiance en soi – « je ne m’en sens pas capable » « je vais échouer »

La confiance en soi est liée à l’ensemble de vos compétences (techniques, émotionnelles, cognitives, créatives…) que ce soit dans la manière dont vous résolvez les problèmes, mettez en place des stratégies ou encore les décisions que vous prenez et ce que vous entreprenez réellement. En cas de manque de confiance, les pensées qui y sont associées portent sur vos capacités dans ce que vous faites par vous-même. Les ressentis sont pesants, bloquants, voire immobilisants. Vous pouvez ressentir une forme d’incapacité ancrée, de mélange de honte/peur/colère à ne pas réussir à agir différemment voire d’impuissance face à des obstacles perçus comme trop grands, trop hauts. Les causes d’un manque de confiance en soi sont nombreuses et peuvent s’expliquer par des environnements qui poussent à la comparaison à outrance ou à l’inverse sont si aidant qu’ils vous empêchent d’essayer par vous-même, des relations avec des attentes élevées voire irréalistes ou encore des contextes malsains qui vous ont conduit à des situations de mise en échec assurée.

Les pensées qui reviennent en boucle s’arrêtent sur la qualité de ce que vous faites (précision, exactitude, rapidité) avec un sentiment constant de manque d’efficacité « je ne vais pas y arriver » « je ne suis pas assez expert.e » « quelqu’un d’autre le fera mieux que moi, ça n’a pas d’intérêt que ce soit moi ».

Comment développer sa confiance de soi ? Identifier les schémas de pensées qui vous poussent à dévaloriser, minimiser ou nier vos savoirs permettra ensuite de (1) les relier à la manière dont vous manifestez ces représentations dans vos comportements présents pour (2) mettre en exergue les conséquences à long terme de ce fonctionnement. Dans un second temps, nous pourrons travailler sur la véracité de ces pensées pour adopter plus de nuances dans vos représentations et dans vos manières d’agir. Enfin, nous pourrons, par expérimentations, mettre en avant les stratégies efficaces que vous mettez en place, faire rayonner les compétences que vous utilisez pour tenir ces stratégies et révéler les compétences dont vous n’avez pas encore réellement conscience.

L’estime de soi – « je suis nul.le » « je n’ai pas de valeur »

L’estime de soi est liée à la construction identitaire, l’image de soi et le regard que l’on porte sur soi. Les pensées qui y sont associées en cas de déficit d’estime portent sur qui vous êtes et non sur vos actions. Les ressentis sont d’ordres douloureux et profonds et se sont renforcés dans le temps avec des expériences de situations blessantes, dévalorisantes voire de liens défaillants. Vous pouvez ressentir une forme de blessure narcissique sous-jacente liées à des événements d’abandon, de harcèlement, de violence. Les causes d’un manque d’estime de soi sont multiples et peuvent remonter à l’éducation, à des traumatismes ou des pertes non résolues, à des relations défaillantes, voire violentes.

Les pensées qui reviennent en boucle s’attaquent à qui vous êtes et comment vous fonctionnez du type « je suis nul », « je n’ai pas de valeur », « je ne mérite pas d’être heureuse »… Vous avez le sentiment que vous êtes ce que ces pensées décrivent, sans qu’une évolution soit possible.

Comment développer son estime de soi ? Identifier les situations qui ont renforcé au fil des années ces pensées permettra, ensuite, de clarifier les comportements automatiques que vous adoptez et qui vous handicapent voire vous font souffrir (ex : rester dans une posture d’immobilisme vis-à-vis de la construction de son avenir, se mettre en retrait par rapport aux autres, subir les événements de vie ou décision…). Dans un second temps, nous pourrons travailler sur une remise en question de ce système de croyance pour vous sortir de ce schéma de souffrance. Enfin, nous pourrons travailler votre regard sur vous-même de plusieurs manières pour que vous vous regardiez tel.le que vous êtes avec fierté : mettre en valeur vos forces, prendre conscience de la valeur que vous avez et mettre en avant le rôle que vous jouez auprès des autres…


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